Elle portait si bien cette jupe, sa mère lui avait offerte, elle était toute belle, douce, frêle un bout de rien c’est l’été : "eh coquine fais
attention le soleil revient, ne t’expose pas trop, vas pas loin, et à 5 heures tu reviens hein, tu reviens hein ?" La matinée baignait dans la
lumière, je la revois encore, un sourire écharpait ses lèvres, c’est l’âge d’or pour elle..
L’innocence à l’océan se laisse aller, ma gosse hâlée allant faire du pied à l’eau
salée. A 5 heures j’avais dit, mais peut-être qu’elle a mal entendu, le temps
passe vite ici et puis, rien n’est revenu, sinon l’angoisse d’elle absente : c’est pas
son habitude… Dans les yeux de sa mère, la panique a rejoint l’inquiétude…
Elle a 11 ans elle porte un t-shirt blanc, vous ne l’avez pas vu? Une petite jupe avec un papillon et un noeud
couleur écru. Puis ya ce coup de fil de la police ; ils l’ont retrouvée il y a 2 minutes ; « venez vite ! » rien de plus, inconsciente à demi nue…
Je ne sais pas ce qui s’est passé, je ne sais pas qui, je sais pas comment, depuis qu’elle a repris conscience elle ne veut parler qu’à sa maman.
Si t’avais vu son ventre, toutes ses traces, si j’avais su, tu sais, j’aurais donné ma vie...Elle rentrait à la maison quand il l’a attrapé par les cheveux,
elle veut crier, il la frappe et cogne sa tête contre un mur, il y a des larmes plein ses yeux, elle ne sent même plus sa figure, juste ses mains
pleines de sueur qui la serrent à l’encolure. Il lui a mis la b... dans la bouche, elle a vomi, tellement peur, elle ne comprend pas ce qui lui arrive,
elle s’évanouit, ensuite il déchire t- shirt et jupe, remonte à la poitrine, écarte le slip, s’enfonce, enfin c’est qu’une gamine...
Il y avait du sperme sur ses cheveux du sang jusqu’aux chevilles, il avait du la croire morte il l’a cachée sous des pneus, il y avait là quelques
gamins qui voulaient se planquer pour fumer, ils sont entrés dans le chemin lorsqu’ils ont aperçu un pied…
J’voudrais qu’elle sache comme je l’aime, comme j’ai caché mes larmes. Comme chaque nuit qui passe je l’entends pleurer
dans sa chambre, comme je sais qu’elle tremble au moindre inconnu qui s’approche et malgré ce qu’elle
a vécu je sais que c’est pour nous qu’elle s’accroche. J’voudrais qu’elle vive, qu’on lui retire ses clous,
qu’elle puisse s’envoler d’un coup, loin de la rive pour que tout s’arrête et que se fou retire ses griffes
pour que jamais plus le pénis ne tue l’envie de vivre. J’ai ce poème caché pour elle dans chacun
de mes gestes, un trésor si elle sourit même si ça paraît modeste, tous les jours ma fille, dont
l’enfance assassinée, pleure en secret l’innocence qu’on lui a volée.